Voici l'un des rares sites au monde où même le visiteur le moins féru d'histoire aura l'impression de se trouver en pays familier, où les choses et les noms provoqueront le retour en foule de souvenirs lointains. Sur cette colline rocailleuse battit, selon Homère, le coeur de la Grèce héroïque. L'endroit reste à jamais hanté par le souvenir de la famille des Atrides: Agamemnon, le chef de la coalition achéenne contre Troie, son épouse Clytemnestre qui l'assassina avec l'aide de son amant Egisthe, Oreste qui tua sa propre mère ... A l'évocation de la sanglante destinée de cette lignée maudite s'ajoute l'exceptionnel intérêt de monuments qui, avec leurs 3000 ans d'existence, se classent parmi les plus grandes merveilles architecturales ou archéologiques du monde: la Porte des Lionnes, le trésor d'Atrée, l'enceinte cyclopéenne.

Mycènes dans l'Histoire

Avant l'invasion achéenne

Comme pour la plupart des autres cités de la Grèce héroïque, le passé le plus lointain de Mycènes est auréolé par la magie du mythe. D'après la tradition, les Pelasges, considérés comme des autochtones, furent d'abord soumis par Danaos, qui serait venu d'Egypte. Le royaume de Danaos fut partagé entre ses descendants : Acrisios s'installa à Argos, son frère Proetos fonda Tirynthe avec l'aide des Cyclopes tandis que Persée, petit-fils d'Acrisios, fonda Mycènes après ses longues expéditions en Asie. La dynastie des Perséides disparut quand les Achéens, sous la conduite des Pélopides venus d'Elide, s'installèrent dans le Péloponnèse. Sans pouvoir éclairer tous ces détails légendaires, la recherche archéologique permet toutefois d'affirmer que la colline de l'acropole fut occupée dès le début de l'âge du bronze (vers 3000-2800 av. J.-C.).

Mycènes, cité phare de toute une civilisation

Archéologiquement parlant, l'arrivée des Achéens est située vers l'an 2000 av. J.-C. Dès cette époque, Mycènes devint la capitale d'un puissant royaume. Ses princes étaient apparentés avec les autres souverains de la Phtiotide et de la Laconie. Ce fut pour les archéologues le moyen de reconnaître sa primauté que d'attribuer son nom à la civilisation qui s'épanouit sur une bonne partie de la Grèce continentale au IIe millénaire avant notre ère.

Mycènes, « riche en or »

Comme l'attestent les nombreux objets précieux découverts dans les tombes à fosse des deux cercles royaux, Mycènes devait être une cité déjà très prospère vers la fin du Bronze Moyen (1600 av. J.-C. environ). Elle justifiait ainsi l'épithète homérique de « riche en or» (polychrysos). Des relations très étroites avaient été nouées avec la Crète, dont l'influence se manifeste dans les trouvailles faites dans les tombeaux. Peu après le milieu du XlVe siècle avant J.-C., la citadelle fut agrandie et protégée par le mur d'appareil cyclopéen. Mycènes était alors la plus puissante des principautés achéennes. Son influence s'étendait jusqu'en Syrie, en Palestine et en Egypte.

La cité homérique

La puissance de Mycènes semble s'être accrue au XIIIe siècle. Agamemnon, roi de Mycènes, fut le chef incontesté de la coalition des Achéens contre Troie. Il régnait, nous dit Homère, sur l'Argolide et sur beaucoup d'îles. Durant l'absence et après le retour d'Agamemnon, des crimes et des désordres ensanglantèrent la maison des Atrides. Egisthe et Clytemnestre assassinèrent Agamemnon, Oreste tua sa mère et dut quitter le royaume paternel. Vers cette époque, la ville basse fut incendiée, probablement au cours d'une guerre civile ou au moment d'une crise dynastique. La ville royale, protégée par les puissantes murailles cyclopéennes, ne semble pas avoir souffert de ces désordres. L'invasion dorienne mit fin au royaume de Mycènes vers la fin du XIIe siècle : la citadelle et la ville furent alors incendiées.

A l'époque historique, Mycènes, comme sa voisine Tirynthe, ne fut plus qu'une bourgade. Hostile à la domination d'Argos, elle fut détruite par les Argiens vers 468 avant J.-C. Au Ille siècle avavtn J.-C., ceux-ci y fondèrent une petite ville fortifiée. Comme l'écrit Pausanias, elle n'était déjà plus que ruines sous l'Empire romain.

Visiter Mycènes

Du parking situé à l'extrémité de la route d'accès à Mycènes vous gagnerez d'abord l'acropole, puis en repassant par la Porte des Lionnes, le second cercle royal et la tombe de Clytemnestre. En redescendant la route empruntée pour arriver à l'acropole, vous examinerez ensuite, à gauche, les ruines de diverses demeures de la ville basse avant de parvenir, à droite, à 500 m du parking, au trésor d'Atrée. Vous remonterez enfin au parking en ayant ainsi visité l'essentiel.