De Thémistocle à Mélina Mercouri en passant par les grands armateurs grecs, le port d'Athènes n'en finit pas de solliciter l'imagination. Cette porte ouverte sur le large est surtout, dans sa partie centrale, le lieu de passage privilégié (l'avion restant d'un usage marginal) vers l'autre Grèce, celle des îles. Dès le petit matin, la foule des insulaires se presse, les bras chargés de paquets, vers les grands transbordeurs alignés le long des quais comme à la parade. Ils conduiront tout ce monde vers des pénates blanches et bleues, en une tranquille traversée. Si le Meltemi se met de la partie, les mains lâcheront alors bien vite les loukoums et les friandises achetés avant le départ pour exécuter de fervents signes de croix qui seront accompagnés de muettes prières.

Tout au long de l'année, l'animation ne se dément pas : l'été, ce sont les foules des estivants étrangers qui prennent d'assaut les coursives, le sac à dos vissé sur les épaules, en concurrence chaque vendredi soir avec la masse des Athéniens qui fuient la chaleur de la capitale, le temps d'un week-end.

Même si aucun bateau ne vous attend, ne vous privez pas d'une visite au Pirée, le temps de vous mêler à la foule volubile qui tangue vers les ferries, amarrés semble-t-il sur le bord des avenues, tant est grande l'union de la ville et de son port. Vous pourrez aussi vous offrir un agréable déjeuner sur l'une des terrasses des pittoresques rades de Passa Limani ou de Mikrolimano.

Le Pirée dans l'histoire

Un port pour Athènes

Le créateur du Pirée fut celui de la marine athénienne, Thémistocle, au début du ye s. av. J.-C. Jusque-là, Athènes utilisait les mouillages de la côte orientale, Prasiai, Thorikos, ou celui de Phalère, un peu à l'Est du Pirée : c'est de Phalère, selon la légende, que Thésée partit pour la Crète. Sous les gouvernements successifs de Thémistocle, de Cimon et de Périclès, Le Pirée fut relié à Athènes par les Longs Murs, qui protégeaient la route reliant la ville à son port. Trois baies furent équipées, avec des loges pour les vaisseaux de guerre (le grand port -Kantharos-, Zéa, le bassin le plus importanr avec 196 loges, et Munichie, l'actuel Mikrolimano). Enfin, une ville fut construite sur les plans d'Hippodamos de Milet), suivant un quadrillage régulier qu'observe toujours le tracé actuel des rues. C'est encore Hippodamos qui conçut l'idée d'une place de commerce véritablement autonome dans la cité (l'emporion), constituée de cinq halles et d'un entrepôt pour le blé, avec agora, théâtre et sanctuaires.

Un port de commerce florissant

Aux V et IV s. av. J.-C., quand Athènes dominait l'Egée et que l'essentiel de l'approvisionnement en blé venait de la mer Noire, le Pirée connut une extraordinaire prospérité qui permit à Xénophon d'affirmer qu'Athènes devait tout à la situation centrale de son port, en Egée. Le Pirée antique connaissait un cosmopolitisme égal à celui du port moderne. C'est là que s'installèrent, avec leurs cultes, des colonies d'Orientaux, de Thraces et de Scythes, venus de la mer Noire.

Grandeur et décadence

La possession du Pirée assurait celle d'Athènes. C'est pourquoi, après sa victoire en 404, Sparte exigea que soient démolies l'enceinte du Pirée et une partie des Longs Murs, et que lui soient livrées les loges de trières. En 411-410 et en 404-403, Le Pirée avait été le centre de la réaction démocratique menée contre les gouvernements oligarchiques installés à Athènes. Dès 394, Conon, vainqueur de la flotte spartiate à Cnide, restaura les remparts et les arsenaux avec l'aide et l'argent du roi perse, aménagements qui furent complétés avec l'arsenal aux Agrès (skeuothèque), construit par l'architecte Philon à Zéa entre 346 et 329. Victorieuse d'Athènes en 322, la royauté macédonienne maintint une garnison au Pirée jusqu'en 229, date à laquelle les Athéniens purent acheter le départ du commandant et de ses troupes.

Après la conquête d'Alexandre, les axes de la navigation et du commerce s'étaient déplacés vers l'Est, à l'avantage de Rhodes et aux dépens du Pirée. Cependant, le port profita encore de l'essor de Délos au IIe s. av. l-C, mais il déclina sous l'Empire.

Le Pirée moderne

Village de pêcheurs lors de la libération, en 1827, Le Pirée se développa et fut réaménagé à partir du milieu du XIXe s. Les architectes allemands de la dynastie bavaroise, Schaubert, von Klenze et E. Ziller, s'y intéressèrent tous et firent des plans. Le plan géométrique d'Hippodamos fut restauré et les édifices publics et privés de cette époque présentent un curieux mélange de classicisme et de néo-gothique. La ville s'est considérablement étendue depuis l'après-guerre.

Visiter le Pirée

Accès

Depuis l'aéroport d'Athènes, utilisez nos véhicules avec chauffeur ou bien, depuis Athènes, embarquez dans le métro qui relie le centre-ville au port central en 20 mn. Evitez de prendre votre voiture en raison des problèmes de stationnement et de circulation.

Durée

Une demi-journée suffit pour découvrir l'essentiel du Pirée: le port central, le Musée archéologique et les marines de Zéa et Mikrolimano, où vous pourrez déjeuner dans l'une des innombrables tavernes de poisson.

Suggestion de promenade

Depuis le terminus du métro ,flânez le long des quais du port central,de part et d'autre de la place Karaïskakis qui en constitue le centre: c'est là que se trouve le terminal des passagers (consigne pour vos bagages si vous êtes en transit) et que sont regroupés les bureaux des agents maritimes. En avançant en direction de la Douane,vous longerez l'embarcadère des petits bateaux en direction des îles du golfe Saronique (les hydroglisseurs se trouvent dans la marine de Zéa).

Vous grimperez ensuite à gauche la rue Trikoupis qui redescend vers l'autre versant du promontoire du Pirée, où s'abritent les rades de Zéa, Passa Limani et Mikrolimano, cette dernière étant dominée par le quartier populaire de Kastella. En chemin, vous pourrez visiter le Musée archéologique et le Musée naval.